mardi 20 octobre 2009

Majorité, presse et dépendance


Les élections approchent. En Mars, il s’agira de renouveler les conseils régionaux. Mais comme dans toutes élections locales, un parfum de validation ou de sanction des politiques présidentielle et gouvernementale viendra détourner le véritable enjeu du scrutin. Moins d’un an après les européennes, plus de 40 millions de personnes devront finalement évaluer les 3 ans de présidence de Nicolas Sarkozy.

A 5 mois de l’échéance, il est aujourd’hui de temps de faire campagne. Mais comment faire campagne au sein d’une UMP secouée depuis quelques semaines par des polémiques bien malvenues ? De l’affaire Hortefeux à l’affaire Jean Sarkozy, en passant par l’affaire Mitterrand, Clearstream ou le doigt d’Eric Besson, le parti de la majorité doit faire face à des sondages en chute libre. Principal coupable ? Ni Sarkozy, ni Hortefeux, ni Mitterrand. Non, la presse.

Dans son point-défouloir hebdomadaire, Frédéric Lefebvre, porte-gouaille de l’UMP, s’est en ouvertement pris aux organes de presse et au système « politico-mediatique », qui déverse « des vilenies quotidiennes », afin de « déstabiliser le président », dans le but de le « détruire ». La charge est violente. Violente mais habile.

A la mode présidentielle

D’abord, Frédéric Lefebvre –moi je vous ferai travailler durant votre arrêt maladie- tente la bien nommée diversion présidentielle. Technique appliquée durant la grogne contre la réforme des retraites (divorce de Cécilia), la grogne contre la baisse du pouvoir d’achat (le rapport « Balladur » sur la réforme territoriale), ou pendant la crise actuelle (limitation des bonus). Pendant ce temps, la fausse élection de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD ne fait plus parler d’elle. En tout cas en France. (Voir ici)

Ensuite, cette charge vise à faire croire que la presse est belle et bien indépendante. Habile, on le disait. Pourtant, Nicolas Sarkozy a toujours cru que les médias non-acquis à sa cause, c'est-à-dire autres que Lagardère, Bouygues, Dassault et Bolloré, étaient tout de même dépendants en raison des subventions versées par l’État.

Enfin, faire croire que les médias se substituent à l’opposition n’est-il pas une bonne manière de tenter d’anéantir toute reconstruction fragile, mais en marche ? La réponse est dans la question. Nicolas Sarkozy avait utilisé la même méthode en accusant, en privé, certains journaux et magazines de ne pas assez parler de la condamnation de Ségolène Royal dans l’affaire de ses ex-collaboratrices parlementaires.
(Voir ici)

Cette remise au pas de la presse à quelques mois des régionales n’a finalement rien de nouveau. D’autant que cette même presse a largement repris la fronde de l’UMP contre elle. Mais une nouvelle fois, les journalistes auront leur carte à jouer durant la campagne régionale, puis pré-présidentielle. Frédéric Lefebvre le sait bien. En accusant la presse de vouloir « maintenir le feu sous la marmite », il pointe du doigt le rôle fondamentale et bien souvent oublié des médias : informer sans forcément plaire.

C.N

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