mardi 27 octobre 2009

Au débat, citoyens !


Tiens une idée. Et si nous lancions ensemble un compte à rebours avant les élections régionales ? Et sur chaque date, nous inscririons les thèmes de campagne UMP lancés par le gouvernement. Le premier, et cela démarre fort : l’identité nationale.

Dimanche 25 Octobre 2009. Éric Besson annonce le lancement d’un grand débat sur l’identité nationale, l’un des intitulés de son ministère. Stop. Définissons d’abord « l’identité nationale » : il s’agit du sentiment que ressent une personne de faire partie d'une nation. En d’autres termes, chaque citoyen français a sa propre manière d’être français. Dès cet instant, la volonté d’Éric Besson de (re)définir, via un débat, la notion essentielle d’identité nationale semble futile. Pourtant, en faisant preuve d’ouverture d’esprit, acceptons le principe même du débat qui viserait, par exemple, à redéfinir les éléments de fierté d’être français.

Mais de là vient le deuxième couac. Dans les rangs de la majorité, la confusion est de mise. De Frédéric Lefebvre qui exhorte à la défense de la Douce France de…Charles Trenet, à Éric Besson appelant les écoliers à chanter la Marseillaise -Ségolène, sors de ce corps-, les lieux communs se succèdent. Car la fierté d’être français ne passent que très peu par les cordes vocales. Faut-il chanter la Marseillaise, chant guerrier, pour se sentir français ? Faut-il aimer Trénet pour être fier des trois couleurs ?

Autre danger du débat, l’immonde amalgame énoncé par Éric Besson. Comme dans l’intitulé de son ministère, l’ancien socialiste se met à confondre identité nationale… et immigration. Qui plus est, quelques jours seulement après l’affaire des « 3 Afghans ». Dans la continuité, était-ce utile de mêler au débat de l’identité nationale celui de la Burqa ou encore de « l’Islamisation rampante » de la société, décrite par Françoise Hostalier, députée UMP du Nord ?

Le simple hasard du calendrier

Voir dans cette actualité une tentative de récupération du débat politique par la présidence relève donc du bon sens. Dans un peu plus de quatre mois, les élections régionales feront office de test grandeur nature pour la politique de Nicolas Sarkozy. Avec 20 régions sur 21 détenues par les socialistes, le challenge local est aussi important. Et la stratégie simple : reprendre les thèmes victorieux de 2007.

Aujourd’hui, difficile de revenir à la charge sur le pouvoir d’achat, crise oblige. L'insécurité ? Les mauvais chiffres récents de la délinquance noircissent le bilan à mi-mandat du chef de l’Etat. L’environnement ? L’incompréhension sur la « taxe carbonne » est un couac, dont le bénéfice net semble profiter à Europe Écologie. La baisse de la TVA chez les restaurateurs? Elle n'a eu que trop peu d’effets sur le consommateur. Le « bouclier fiscal » ? Très impopulaire. L'Europe ? Nicolas Sarkozy considère déjà (et à tort) ce thème comme la source du succès relatif de l’UMP lors des dernières européennes.

Reste donc l’identité nationale qui fut le sujet déclic de l’électorat d’extrême-droite lors de la victoire de 2007, la fameuse « droite décomplexée ». Il est alors juste de soupçonner Nicolas Sarkozy de récupération politique, à l’heure où beaucoup de médias font état d’une possible remontée du Front National. Éric Besson le confirme d’ailleurs. En évoquant l’identité nationale, il concède que l’UMP n’aurait jamais dû « abandonner au FN un certain nombre de valeurs qui font partie du patriotisme républicain » .L’objectif est donc bien de récupérer au Front National un thème abandonné depuis peu. Depuis le 6 Mai 2007. Il suffisait de le dire.

Dernière précision calendaire avant de vous laisser aller vous exprimer sur la question « qu’est-ce-que pour vous être français ? » : le débat s’achèvera par un colloque fin Février, soit quelques jours avant le premier tour des régionales. Vous n’y voyez qu’une simple coïncidence ? Alors vous êtes un bon esprit…

C.N

mardi 20 octobre 2009

Majorité, presse et dépendance


Les élections approchent. En Mars, il s’agira de renouveler les conseils régionaux. Mais comme dans toutes élections locales, un parfum de validation ou de sanction des politiques présidentielle et gouvernementale viendra détourner le véritable enjeu du scrutin. Moins d’un an après les européennes, plus de 40 millions de personnes devront finalement évaluer les 3 ans de présidence de Nicolas Sarkozy.

A 5 mois de l’échéance, il est aujourd’hui de temps de faire campagne. Mais comment faire campagne au sein d’une UMP secouée depuis quelques semaines par des polémiques bien malvenues ? De l’affaire Hortefeux à l’affaire Jean Sarkozy, en passant par l’affaire Mitterrand, Clearstream ou le doigt d’Eric Besson, le parti de la majorité doit faire face à des sondages en chute libre. Principal coupable ? Ni Sarkozy, ni Hortefeux, ni Mitterrand. Non, la presse.

Dans son point-défouloir hebdomadaire, Frédéric Lefebvre, porte-gouaille de l’UMP, s’est en ouvertement pris aux organes de presse et au système « politico-mediatique », qui déverse « des vilenies quotidiennes », afin de « déstabiliser le président », dans le but de le « détruire ». La charge est violente. Violente mais habile.

A la mode présidentielle

D’abord, Frédéric Lefebvre –moi je vous ferai travailler durant votre arrêt maladie- tente la bien nommée diversion présidentielle. Technique appliquée durant la grogne contre la réforme des retraites (divorce de Cécilia), la grogne contre la baisse du pouvoir d’achat (le rapport « Balladur » sur la réforme territoriale), ou pendant la crise actuelle (limitation des bonus). Pendant ce temps, la fausse élection de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD ne fait plus parler d’elle. En tout cas en France. (Voir ici)

Ensuite, cette charge vise à faire croire que la presse est belle et bien indépendante. Habile, on le disait. Pourtant, Nicolas Sarkozy a toujours cru que les médias non-acquis à sa cause, c'est-à-dire autres que Lagardère, Bouygues, Dassault et Bolloré, étaient tout de même dépendants en raison des subventions versées par l’État.

Enfin, faire croire que les médias se substituent à l’opposition n’est-il pas une bonne manière de tenter d’anéantir toute reconstruction fragile, mais en marche ? La réponse est dans la question. Nicolas Sarkozy avait utilisé la même méthode en accusant, en privé, certains journaux et magazines de ne pas assez parler de la condamnation de Ségolène Royal dans l’affaire de ses ex-collaboratrices parlementaires.
(Voir ici)

Cette remise au pas de la presse à quelques mois des régionales n’a finalement rien de nouveau. D’autant que cette même presse a largement repris la fronde de l’UMP contre elle. Mais une nouvelle fois, les journalistes auront leur carte à jouer durant la campagne régionale, puis pré-présidentielle. Frédéric Lefebvre le sait bien. En accusant la presse de vouloir « maintenir le feu sous la marmite », il pointe du doigt le rôle fondamentale et bien souvent oublié des médias : informer sans forcément plaire.

C.N

samedi 17 octobre 2009

« Travailler le dimanche, c’est du bon sens » *


Ca y’est, nous y sommes. 8 Mars 2009, dans un magasin ED d’Oyonnax (grande zone touristique française). Trois employés se voient demandé de venir travailler un dimanche matin jusqu’à 13h, comme la nouvelle loi l'auto-xige. Le refus est catégorique, la sanction quasi-immédiate. Juin 2009 : les trois mauvais élèves sont licenciés pour non-respect des horaires et insubordination.


Mais alors, où est donc passé le sacro-saint principe du « volontariat », argument essentiel des pourfendeurs du travail le dimanche ? Dans le texte Maillé, il y figure bien. Dans la pratique toutefois, difficile d’expliquer à un employeur son refus de brader le repos dominical. Alors ensuite, venir frapper à la porte du bureau pour quémander quelconque promotion ou prime...


Dans le cas des employés d’ED, le vice va plus loin. Quelques semaines avant l’application de l’ouverture le dimanche, ils avaient pris le soin de prévenir que personne ne pouvait garder leurs enfants à leur place. Une requête visiblement insensée pour des cadres Carrefour…au repos ce jour-là. A leur défendant, dans les contrats de travail de la grande distribution, l'employé ne peut refuser de travailler un dimanche, sauf si un article le précise. Le volontariat ne s'applique donc pas automatiquement dans le secteur.


Le 25 janvier prochain, l’affaire passera devant le Conseil des Prud’hommes de Créteil. Jusqu’ici, la Cour de Cassation n’a jamais eu à statuer sur un tel cas, sur la question suivante : le droit à « une vie familiale normale », motif invoqué par les licenciés, est-il une doléance recevable ? C'est ce que l'on appelle une question rhétorique. La réponse est suggérée dans l'interrogation. Les exemples sont multiples: "Les français ne veulent-ils pas gagner plus ?", ou encore " Vous voulez que je laisse des gens se faire agresser dans les quartiers sans réagir ?".


Sombres abrutis ! Quelle idée de vouloir profiter d’un dimanche pour s'offrir une grasse mat’, regarder « Téléfoot » en pyjama, jouer avec ses enfants, voire ne rien faire. Et surtout, quelle idée de venir cracher sur les 5,03€ net promis pour ce jour travaillé. N’y-a-t-il rien de moins productiviste dans une France en pleine crise ? La beauferie et le conformisme n'ont plus d'excuses. Et puis finalement, dans la Bible, le dimanche n’est-il pas le premier jour de la semaine ? Question rhétorique...


C.N


* Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, le 7 Septembre 2009, France 2